Article paru en novembre 2018 sur La revue Canadienne de Santé Publique
Cette étude canadienne, menée par des chercheurs de l’Université d’Ottawa (Faculté des sciences de la santé et École d’épidémiologie), a été réalisée à partir d’une enquête conduite auprès de 557 résidents de la région d’Ottawa-Gattineau afin de mesurer la perception du public vis-à-vis du radon dans les habitations.
Passant plus de 90 % de leur temps à l’intérieur de leur logement, la qualité de l’air intérieur est un sujet de préoccupation majeur des Canadiens.
Bien que le radon soit un enjeu fort de santé environnementale car second facteur de risque de cancer du poumon après le tabac (et responsable de 16% des cancers du poumon annuellement au Canada), seulement 55 % des Canadiens ont entendu parler de ce risque et 6 % d’entre eux ont entrepris des actions de protection (d’après une enquête menée auprès de la population canadienne en 2014).
L’enquête réalisée par les auteurs révèle que seules 38 % des personnes interrogées ont exprimé des préoccupations au sujet du danger que représente le radon, seules 12 % d’entre elles ont réalisé un dépistage et 3 % ont entrepris des actions d’atténuation. Ainsi, l’écart entre la prise de conscience des risques par les résidents et l’adoption d’un comportement de protection effectif pose un défi aux praticiens canadiens de santé publique. Les auteurs remarquent que les perceptions des résidents concernant la probabilité et la gravité du risque radon, l’influence sociale, les préoccupations sur la santé des enfants et le tabagisme à l’intérieur des logements sont fortement corrélées à leur intention de faire un test de dépistage. Ces facteurs influencent également leurs comportements en matière de dépistage et d’atténuation. Les auteurs suggèrent ainsi que les programmes de sensibilisation sur les risques radon sur la santé devraient tenir compte non seulement du niveau de connaissance de la population mais également de la dimension affective de la perception des risques pour améliorer les comportements de protection.
MISE EN PERSPECTIVE AVEC LE BAROMÈTRE IRSN
Le Baromètre IRSN s’intéresse également à la perception des Français sur le risque radon dans les habitations. Ce contaminant de l’air intérieur est également assez méconnu en France. Environ un Français sur cinq ne se prononce pas sur le risque que pourrait représenter le radon (le taux de réponses « Ne sait pas » est le plus fort parmi l’ensemble des 35 situations à risque proposées, relatant ainsi une méconnaissance de ce risque). Par ailleurs, le radon est jugé comme étant la situation la moins à risque parmi 35 proposées, située en toute fin de classement des risques perçus.