Les déterminants de la perception des risques liés à l’exposition aux perturbateurs endocriniens pendant la grossesse : une étude qualitative et quantitative sur les femmes françaises

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Determinants of risk perception related to exposure to endocrine disruptors during pregnancy: a qualitative and quantitative study on french women

Août 2018, par Steeve Rouillon, Houria El Ouazzani, Sylvie Rabouan & co, avec l’INSERM et l’Université de Poitiers.

 

De fortes préoccupations sont exprimées depuis ces dernières décennies sur l’impact sanitaire des « perturbateurs endocriniens ». De nombreuses affections chez l’enfant ou chez l’adulte seraient liées à une exposition à ces substances, présentes dans l’environnement ou dans des produits de consommation, pendant la période in utero. Cette étude conjointe de l’INSERM, de la Faculté de médecine et du Département de Santé Publique de Poitiers part du constat que les patients, et plus particulièrement les femmes enceintes, sont rarement sensibilisés à ces facteurs environnementaux. A l’aide de deux études, qualitative et quantitative, les auteurs tentent d’identifier la perception de ce risque qu’en ont les femmes enceintes mais aussi le personnel médical et d’en évaluer ses déterminants.

L’étude qualitative s’est basée sur un modèle de croyance en matière de santé (Health Belief Model). Elle a été réalisée en 2015 à travers des entretiens individuels avec des femmes enceintes et un groupe de discussion réunissant des professionnels de la prévention et de la santé environnementale en santé périnatale dans la ville de Poitiers. L’étude quantitative a été réalisée, à l’aide d’un questionnaire reprenant les déterminants de la perception du risque, auprès de 300 femmes en période périnatale. Les auteurs citent les résultats de l’édition 2016 du Baromètre IRSN qui observent un faible niveau de risque perçu de la population française concernant les risques chimiques, classés en 15ème et dernière position des préoccupations générales des Français. Par ailleurs, parmi 34 domaines à risque proposés, les perturbateurs endocriniens arrivent en 23ème position avec pourtant 40% Français qui estiment leur risque élevé. A noter également, que 12% des Français interrogés ne savent pas ce que sont les perturbateurs endocriniens (réponses Ne sait pas).

Pour la réalisation de leur étude qualitative regroupant 12 femmes enceintes, les auteurs se sont inspirés des « risques sociétaux » proposés dans le cadre du Baromètre IRSN. Les 12 femmes enceintes interrogées ont également manifesté peu d’inquiétude face aux risques chimiques (arrivés en fin de classement). Les principaux déterminants de la perception des risques relevés par les résultats des enquêtes qualitatives et quantitatives chez les femmes enceintes ont été et ce de manière ambivalente : l’âge de la femme enceinte, la présence d’une figure maternelle forte, la catégorie socio-professionnelle, les représentations sur la visibilité et l’imminence du risque, le type d’information (incompréhensible, absente ou diluée dans les messages). Une estime de soi positive et une sensibilité émotionnelle accrue permettraient d’améliorer la perception du risque. Au contraire, le caractère involontaire et omniprésent de l’exposition diminuerait la perception de ce risque.

 

Retrouver l’intégralité de l’étude dans la base de donnée en ligne MDPI.