En 2022, le pouvoir d’achat, nouvellement introduit dans le Baromètre, apparaît comme le principal sujet de préoccupation des Français, avec 36 % des réponses. Il devance le dérèglement climatique (15 %, ‑7 points), l’instabilité géopolitique mondiale (10 %, ‑1 point) et la santé (10 %) en recul de 12 points par rapport à 2021.
Concernant les répercussions de la guerre en Ukraine, les Français sont principalement préoccupés par la hausse des prix (25 %), le risque d’une troisième guerre mondiale (17 %) et le risque de l’utilisation d’armes nucléaires (15 %).
Parmi les principales préoccupations environnementales, le dérèglement climatique (41 %) continue de creuser l’écart avec les sujets qui arrivent à égalité en 2e position que sont « la disparition d’espèces animales » et « les dommages liés aux catastrophes naturelles » (13 %).
Concernant la perception des catastrophes, les centrales nucléaires restent en 2022 les installations qui, selon les Français, risquent le plus de provoquer un accident grave en France (28 %). Viennent ensuite les stockages de déchets radioactifs et les installations chimiques désormais à égalité (19 %). En lien avec la pandémie de Covid‑19, « les laboratoires de recherche sur les virus » atteignent un nouveau pic de 17 % (+3 points). L’accident de Tchernobyl est toujours perçu comme la catastrophe la plus effrayante (39 %) mais est suivi cette année par la pandémie de Covid‑19 (20 %), reléguant en 3e position l’accident de Fukushima (16 %).
Cette année, l’image de la science et des experts scientifiques se dégrade légèrement : 60 % des Français font confiance aux institutions scientifiques (‑4 points) et 50 % des Français ont une bonne opinion des experts scientifiques (‑4 points). Les qualités les plus attendues pour les experts scientifiques continuent d’être, pour la troisième année consécutive, la compétence technique (30 %), l’honnêteté dans la démarche scientifique (26 %) et l’indépendance de jugement (22 %).
Les Français confirment leur attachement à un recours des décideurs aux experts scientifiques. Ils sont 67 % à estimer que « les décideurs politiques ne prennent pas assez en compte l’avis des experts scientifiques » (+6 points).
L’exigence d’un accès large à une information de qualité est réaffirmée en 2022. Les Français sont 89 % à estimer qu’« il faut mettre à la portée de tous une information compréhensible sur les risques des installations » et sont 71 % à juger prioritaire que les organismes d’expertise rendent leurs rapports publics (‑3 points). En revanche, 51 % d’entre eux ne souhaitent pas participer personnellement à des réunions d’information et de concertation sur les installations à risque. Le sentiment que d’autres personnes sont plus compétentes qu’eux (28 %) représente le frein principal à leur participation alors que celui d’être directement concerné par le sujet (51 %) en représente le levier principal.
Parmi les 32 situations à risque suivies par le Baromètre en 2022, le cancer (76 % de réponses « élevés ») et la pollution de l’air (68 %) font toujours partie des risques perçus comme les plus élevés. Les risques climatiques continuent leur ascension, avec les incendies de forêts (70 %, +16 points) et les canicules (62 %, +16 points) qui enregistrent des niveaux historiquement élevés.
Concernant les sujets liés à l’énergie nucléaire, les déchets radioactifs et les centrales confirment, avec des scores respectifs de 46 % et 39 %, les niveaux historiquement bas enregistrés depuis quatre ans.
Cette année encore, le risque pour « soi et ses proches » est systématiquement perçu comme plus faible que pour « les Français en général ». Le risque perçu comme le plus élevé « pour soi et ses proches » reste le cancer (48 %). La drogue enregistre de nouveau l’écart le plus grand (41 points) entre le risque perçu pour « les Français en général » (64 %) et le risque perçu pour « soi et ses proches » (23 %).
Une nouvelle question introduite cette année sur le niveau d’information ressenti des Français nous indique que les Français s’estiment en général mal informés concernant les situations à risque (56 %). Parmi les 32 situations à risque interrogées, le tabagisme et les accidents de la route, à égalité (76 %), sont les risques pour lesquels les Français se sentent les mieux informés. En revanche, le radon (18 %) et les nanoparticules (19 %) sont les risques pour lesquels les Français se sentent les moins bien informés.
La confiance accordée par les Français aux autorités pour les protéger des situations à risque reste faible (26 % de réponses « oui » en moyenne). La confiance des Français dans les autorités pour les protéger des situations à risque est la plus élevée pour le sida et les radiographies médicales à égalité (40 %), le terrorisme (37 %) et les accidents de la route (36 %). La « défiance » des Français est la plus élevée pour les pesticides (53 %), suivis, à égalité (51 %), de la drogue et de la pollution des sols.
En 2022, les Français ont pu exprimer par des mots ce que leur évoque le terme « nucléaire », comme cela avait été proposé en 2019. L’analyse de ces mots met en premier plan le nucléaire « civil » et la source d’énergie (36 %) qu’il représente puis en second plan le nucléaire « militaire » (18 %).
Le Baromètre fait état d’un renforcement de l’opinion favorable des Français pour l’énergie nucléaire. Un Français sur deux (50 %, +6 points) est désormais pour la construction de nouvelles centrales nucléaires, tandis que 20 % sont contre (‑9 points). Le regard porté a posteriori sur la construction de centrales nucléaires s’améliore également. Ainsi, 65 % des Français (+5 points) affirment que « la construction des centrales nucléaires a été une bonne chose », tandis que 11 % (‑5 points) sont en désaccord.
L’argument principal en faveur de l’énergie nucléaire demeure l’indépendance énergétique (43 %) qui, avec une hausse de 7 points, creuse l’écart par rapport au faible coût de l’électricité (22 %, stable). La « production de déchets nucléaires » reste le premier argument contre l’énergie nucléaire (31 %, ‑4 points), mais ne devance plus que de 4 points (9 points en 2021) le risque d’accident en deuxième position (27 %, +1 point).
L’énergie solaire est l’énergie perçue la plus positivement en général par les Français (26 %), suivie de près par l’énergie nucléaire (23 %). L’énergie solaire représente, notamment, pour les Français l’énergie « la plus respectueuse de l’environnement » (36 %) et « d’avenir » (31 %). Alors que l’énergie nucléaire représente pour eux « l’énergie la plus performante » (45 %), suivie de loin par l’énergie solaire (10 %).
Concernant la gestion des déchets nucléaires, la majorité des Français (68 %) continue d’estimer que la position « la plus raisonnable pour régler le problème du stockage des déchets radioactifs » est de « se décider et appliquer au plus vite la solution ». Seuls 6 % préfèrent « laisser le choix aux générations futures ». Par ailleurs, 32 % estiment qu’il n’est aujourd’hui pas « possible de stocker les déchets nucléaires de façon sûre » (‑3 points) et 33 % pensent le contraire (+3 points).
L’exigence d’un haut niveau de sûreté nucléaire est confirmée par 84 % des Français qui déclarent que « les exploitants des sites nucléaires doivent protéger leurs installations de tous les risques, même ceux jugés très improbables ». Une nouvelle question, introduite dans le Baromètre dans un contexte de crise énergétique, nous indique que 69 % des Français estiment que « la sûreté des installations nucléaires passe avant la production d’énergie même si cela peut engendrer des coupures d’électricité dans le pays ».
Au sujet de la prolongation de la durée d’exploitation des centrales nucléaires, deux nouvelles questions, également introduites cette année, nous enseignent que 54 % des Français estiment que c’est un bon choix contre 23 % qui pensent le contraire. En revanche, 37 % affirment que « prolonger la durée d’exploitation des centrales nucléaires provoquera des accidents » contre 24 % qui ne sont pas d’accord.
Enfin, le CNRS, l’ASN et l’IRSN sont à nouveau considérés à la fois comme les plus compétents et les plus crédibles dans le domaine de l’industrie et de l’énergie nucléaire. Les organismes scientifiques, les experts et les exploitants sont perçus comme compétents et crédibles. Les acteurs politiques, les syndicats et les journalistes continuent d’être perçus comme les acteurs les moins compétents et les moins crédibles dans le domaine.